REFLEXIONS DE FIDEL, On ne saurait oublier l’histoire

octobre 9, 2009

• LA République populaire de Chine a fêté son 60e anniversaire le 1er octobre dernier.

En ce jour historique de 1949, Mao Zedong, dirigeant du Parti communiste chinois, présida sur la place Tiananmen le premier défilé de l’Armée populaire et du peuple chinois. Les soldats victorieux portaient les armes arrachées durant les combats aux envahisseurs, aux oligarques et aux traîtres à leur patrie.

A la fin de la Deuxième Guerre mondiale, les Etats-Unis, l’une des puissances qui avait essuyé le moins de pertes matérielles durant le conflit, monopolisait l’arme nucléaire, détenait plus de 80% de l’or du monde et jouissait d’un développement industriel et agricole considérable.

La révolution victorieuse dans un pays aussi immense que la Chine en 1949 nourrit les espoirs de bon nombre de pays colonisés, dont beaucoup ne tarderaient pas à secouer le joug qu’on leur avait imposé.

Lénine avait prévu l’étape impérialiste du capitalisme développé et le rôle qui reviendrait dans l’histoire du monde à la lutte des pays colonisés. Le triomphe de la Révolution chinoise confirmait cette prévision.

La République populaire et démocratique de Corée avait été proclamée en 1948. Les représentants de l’URSS, qui avait sacrifié plus de vingt millions d’hommes dans la victoire contre le fascisme, ceux de la RPDC qui avait été occupée par le Japon, et les combattants vietnamiens qui, après s’être battus contre les Japonais, faisaient alors face héroïquement aux tentatives françaises de recoloniser leur pays avec l’appui des Etats-Unis, assistèrent à la première commémoration du triomphe chinois.

Personne n’aurait imaginé alors que, moins de quatre ans après cette date mémorable, et sans autre lien que celui des idées, l’attaque de la caserne Moncada aurait lieu dans la lointaine Cuba et que neuf ans à peine après la libération de la Chine, la Révolution y triompherait à cent cinquante kilomètres de la métropole impérialiste.

C’est à la lumière de ces événements que j’ai suivi avec un intérêt particulier les festivités du 60e anniversaire de la Révolution chinoise. On connaît notre amitié avec ce pays à la culture millénaire, le plus vieille des civilisations humaines.

Au 19e siècle, des dizaines de milliers de Chinois, bernés par des commerçants anglais, furent envoyés dans notre pays comme semi-esclaves. Beaucoup d’entre eux rejoignirent les rangs de l’Armée libératrice et luttèrent pour notre indépendance. Nos liens avec la Chine partent toutefois des idées marxistes qui ont inspiré la Révolution cubaine et qui ont été capables de traverser les difficiles épreuves du schisme entre les deux grands Etats socialistes qui fit tant de tort au mouvement révolutionnaire mondial.

Dans les jours difficiles qui suivirent la disparition de l’URSS, aussi bien la Chine que le Vietnam, le Laos et la Corée conservèrent leurs relations fraternelles et solidaires avec Cuba. C’étaient les quatre pays qui, aux côtés de Cuba, continuèrent de brandir les drapeaux du socialisme durant les temps obscurs où les Etats-Unis, l’OTAN, le Fonds monétaire international et la Banque mondiale imposèrent le néolibéralisme et le pillage du monde.

On ne saurait ignorer l’histoire. Malgré l’énorme contribution du peuple chinois et la stratégie politique et militaire de Mao dans la lutte contre le fascisme japonais, les Etats-Unis ignorèrent et isolèrent le gouvernement du pays le plus peuplé de la planète et le privèrent du droit de participer au Conseil de sécurité des Nations Unies ; ils interposèrent leur escadre pour empêcher la libération de Taïwan, une île qui appartient à la Chine ; ils appuyèrent et équipèrent les restes d’une armée dont le chef avait trahi tous les accords signés pendant la lutte contre les envahisseurs japonais pendant la Deuxième Guerre mondiale. Taïwan reçut et continue de recevoir les armes les plus modernes de l’industrie militaire étasunienne.

Les Etats-Unis, non contents de priver la Chine de ses droits légitimes, intervinrent dans le conflit interne coréen, dépêchèrent leurs forces qui, à la tête d’une coalition militaire, avancèrent, défiantes, jusqu’aux abords des points vitaux de ce grand pays et menacèrent d’employer les armes nucléaires contre lui, dont le peuple avait tant contribué à la défaite du Japon.

Le parti et le peuple chinois n’hésitèrent pas devant ces grossières menaces. Des centaines de milliers de volontaires chinois, lançant une contre-attaque énergique, firent reculer les forces yankees jusqu’aux limites actuelles des deux Corée. Des centaines de milliers de courageux combattants internationalistes chinois et autant de patriotes coréens moururent et furent blessés durant cette guerre sanglante. L’Empire yankee tuerait un peu plus tard des millions de Vietnamiens.

Quand la République populaire de Chine fut proclamée le 1er octobre 1949, elle ne possédait pas d’armes atomiques ni sa technologie militaire de pointe actuelle. Les détenant aujourd’hui, elle ne menace toutefois aucun pays.

Qu’a dit l’Occident ? La grande presse étasunienne a été en général hostile à cet anniversaire. Les éditoriaux des principaux organes portaient des titres comme « …peu d’intérêt pour l’idéologie », « un étalage de puissance », « la Chine communiste fête ses soixante ans par un spectacle militaire »..,

Mais les médias étasuniens n’ont pu ignorer le fait. Ils ont tous insisté sur l’idée qu’il s’agissait d’un étalage de force et toutes les nouvelles étaient centrées sur le défilé militaire.

Ils n’ont pas caché leur admiration devant la vaste diffusion du défilé que la télévision chinoise a offerte à l’opinion publique internationale.

Que la Chine ait présenté cinquante-deux nouveaux types d’armements, dont la dernière génération de chars, de véhicules amphibies, de radars, d’avions d’exploration et des équipements de communication dernier cri, n’est pas passé inaperçu et a fait plutôt l’objet d’admiration.

Les médias ont insisté sur les missiles intercontinentaux DF-31 à têtes nucléaires, capables de frapper des cibles situées à dix mille kilomètres de distance, les missiles de moyenne portée et les défenses antimissile.

Les cent cinquante et un avions de chasse, les bombardiers lourds, les moyens d’observation aérienne modernes et les hélicoptères ont surpris les avides chercheurs de nouvelles et les techniciens militaires. « L’armée chinoise possède maintenant la plupart des armes sophistiquées qui font partie des arsenaux des pays occidentaux », a déclaré le ministre chinois de la Défense, ce que la presse occidentale a mis en exergue.

Les cinq cents blindés et les soixante véhicules civils qui ont défilé devant le mausolée ont causé un profond impact.

Cette technologie de pointe est une preuve irréfutable de la capacité militaire d’un pays qui est parti de zéro voilà quelques décennies. Mais ce qui a été insurpassable, c’est le facteur humain. Aucun pays occidental développé ne pourrait atteindre la précision et l’organisation dont la Chine a fait preuve ce jour-là. On a parlé avec quelque dédain d’officiers et de soldats marchant à cent quinze pas de l’oie par minute.

Les différentes forces qui ont défilé, hommes ou femmes, l’ont fait avec un port et une élégance insurpassables. On a du mal à croire que des milliers de personnes soient capables d’atteindre une organisation aussi parfaite. Ceux qui marchaient à pied aussi bien que ceux qui défilaient sur leurs véhicules sont passés devant la tribune et ont salué avec une précision, un ordre et une martialité difficiles à atteindre.

Si ces qualités pouvaient sembler le fruit de la discipline militaire et de la rigueur des exercices, plus de cent cinquante mille civils, des hommes et des femmes jeunes dans leur majorité, ont surpris par leur capacité à atteindre massivement le niveau d’organisation et de perfection dont ont fait preuve leurs compatriotes armés.

L’ouverture des festivités et le salut des troupes par le chef d’Etat et secrétaire général du Parti communiste, ont constitué une cérémonie impressionnante. On a pu constater la grande identification entre les dirigeants et le peuple.

L’allocution de Hu Jintao a été brève et précise. En moins de dix minutes, il a exprimé de nombreuses idées. Ce jour-là, il a dépassé Barack Obama en capacité de synthèse, surtout qu’il s’adresse à quasiment cinq fois plus de population que le président étasunien. Il n’a pas à fermer des centres de tortures, il n’est en guerre avec aucun Etat, il ne dépêche pas ses soldats à plus de dix mille kilomètres de distance pour intervenir et tuer à coups de moyens de guerre de pointe, il ne possède pas des centaines de bases militaires dans d’autres pays ni de puissantes flottes qui écument tous les océans ; il ne doit pas des billions de dollars et, au milieu d’une colossale crise financière internationale, il offre au monde la coopération de son pays dont l’économie ne connaît pas la récession et croît à des rythmes élevés.

Les idées essentielles transmises par le président chinois :

«En un jour pareil, voilà soixante ans, au terme de plus de cent ans de batailles sanglantes depuis le début de l’histoire contemporaine, le peuple chinois put enfin faire triompher sa grande révolution et le président Mao Zedong proclamer ici même devant le monde la fondation de la République populaire de Chine, ce qui a permis depuis au peuple chinois de se dresser et à la nation chinoise, dont la civilisation remonte à plus de cinq mille ans, d’entrer dans une nouvelle ère de développement et de progrès.

Le développement et le progrès atteints durant les soixante ans de la nouvelle Chine ont montré pleinement que seul le socialisme peut sauver la Chine et que seules la réforme et l’ouverture peuvent lui permettre de se développer, en même temps que le socialisme et le marxisme. Le peuple chinois a confiance dans sa capacité à bien construire son pays et à contribuer dûment au sort du monde.

Nous adhérons résolument aux principes de la réunification pacifique.

Nous continuerons de  travailler, aux côtés des différents peuples du monde, à la noble cause de la paix et du développement de l’humanité et à la construction d’un monde harmonieux basé sur la paix durable et sur la prospérité commune.

L’histoire nous dit que le chemin du progrès n’est jamais plat, mais qu’un peuple uni qui prend ses destinées en main surmontera sans aucun doute toutes les difficultés, écrivant continuellement de grandes épopées historiques.

Ce sont là des réponses lapidaires à la politique belliciste et menaçante de l’Empire.

Fidel Castro Ruz
Le 6 octobre 2009
17 h 35
(Traduction ESTI)

Réflexion de Fidel

octobre 8, 2009

REFLEXION DE FIDEL

Une victoire du Tiers-monde

DE grandes puissances économiques, dont deux des plus industrialisées de la planète: les Etats-Unis et le Japon, rivalisaient pour obtenir l’organisation des Jeux olympiques de 2016. C’est pourtant Rio de Janeiro, une ville du Brésil, qui a triomphé.

Qu’on ne dise pas maintenant que les nations riches se sont montrées généreuses envers le Brésil, un pays du Tiers-monde.

La victoire de cette ville brésilienne prouve l’influence croissante des pays qui se battent pour leur développement. L’élection de Rio de Janeiro sera assurément accueillie avec plaisir par les peuples latino-américains, africains et asiatiques au milieu de la crise économique et de l’incertitude que font régner les changements climatiques.

Bien que des sports populaires comme le base-ball aient été éliminés des Jeux pour faire place à des divertissements de bourgeois et de riches, les peuples du Tiers-monde partagent la joie des Brésiliens et soutiendront Rio de Janeiro comme organisatrice des Jeux olympiques de 2016.

C’est un devoir maintenant de se présenter à Copenhague en faisant preuve de la même unité, et de lutter pour éviter que les changements climatiques et les guerres de conquête ne l’emportent sur la volonté de paix, de développement et de survie de tous les peuples du monde.

Fidel Castro Ruz

Le 2 octobre 2009

14 h 55

La revolucion energetica : la révolution énergétique de Cuba, par Laurie Guevarra-Stone

octobre 8, 2009

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Par Laurie Guevara-Stone

Traduit de l’anglais par Marc Harpon pour changement de Société (Traduction publiée le 3 Mai 2009 sur http://socio13.wordpress.com/2009/05/03/la-revolucion-energectiva-la-revolution-energetique-de-cuba/)

Une nouvelle révolution balaie l’île de Cuba, qui est en train de faire d’énormes progrès en matière d’efficacité énergétique et de production de renouvelables. En effet, le succès du programme lancé il y a deux ans sur cette petite île de 11 millions d’habitants est tel que d’autres pays pourraient s’inspirer de ses efforts pour être indépendante énergétiquement et maîtriser le changement climatique.

Il y a juste quelques années, la situation énergétique de Cuba étai sombre. Le pays avait 11 centrales thermoélectriques de grande taille vraiment inefficaces pour toute l’île. La plupart des usines avaient 25 ans et ne fonctionnaient que 60% du temps. Il y avait de fréquentes coupures, en particulier dans les périodes de pic de la demande. Il y avait aussi un pourcentage élevé de pertes le long du réseau de distribution électrique. Pour ajouter à la crise énergétique, la plupart des ménages cubains avaient des équipements inefficaces, 75% de la population cuisinait avec du kérosène, et les charges énergétiques pour les particuliers n’encourageaient pas les économies. En 2004, le côté est de Cuba a été touché par deux ouragans en une courte période de temps, affectant les lignes de transmission et laissant 1 million de personnes sans électricité durant dix jours. En face des incitateurs que sont les prix du pétrole et le changement climatique, tout cela a fait les cubains réaliser qu’ils devaient faire entrer l’énergie dans leurs priorités. Ainsi, en 2006, commença ce que les cubains nomment la revolucion energetica, la révolution énergétique.

La récente révolution énergétique de Cuba l’a aidé à devenir un vrai modèle de développement soutenable. Le rapport Living Planet 2006 évalue le développement soutenable en utilisant l’Indice de Développement Humain (IDH) du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et l’empreinte écologique. L’IDH est calculé à parti de l’espérance de vie, l’alphabétisation et l’éducation, et le PIB par tête. Le PNUD considère une valeur d’IDH supérieure à 0,8 comme un haut niveau de développement humain. Une empreinte écologique, qui est une mesure des exigences sur la biosphère, inférieure à 1,8 hectares par tête dénote la soutenabilité. Le seul pays au monde à satisfaire les deux critères ci-dessus est Cuba ” Cuba a atteint un bon niveau de développement humain selon les critères des Nations Unies, grâce à son niveau d’éducation et son espérance de vie élevée”, explique Jonathan Loh, un des auteurs du rapport, ajoutant : “Alors que l’empreinte écologique n’est pas grosse, puisque c’est un pays avec une basse consommation d’énergie”

Les statistiques sont impressionnantes : le pays consomme aujourd’hui 34% du kérosène, 40% du gaz naturel et 80% de l’essence qu’il avait l’habitude de consommer avant la mise en œuvre de la révolution énergétique, à peine deux ans plus tôt. La consommation d’énergie par tête de Cuba est maintenant à un niveau d’un huitième de celle des États-Unis, tandis que l’accès aux services de santé, les niveau d’éducation, et l’espérance de vie sont toujours parmi les mieux classés du monde, comme le montre le Tableau ci-dessous.

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Petit budget, gros résultats

Comment un pays avec un PIB par tête dix fois inférieur à celui des Etats-Unis peut-il avoir les ressources pour mener un changement si radical dans la consommation d’énergie, sans sacrifier ses indicateurs sociaux élevés en matière de santé et d’éducation?

Pour comprendre la révolution énergétique de Cuba on doit comprendre une partie de l’historie de la production et de la consommation d ‘énergie à Cuba. Avant la Révolution Cubaine, 56% du pays était électrifié. Avec la révolution socialiste est venue une campagne pour l’électrification même des communautés les plus reculées. En 1989, 95% du pays était électrifié- essentiellement avec du pétrole bon marché échangé contre du sucre avec l’Union soviétique. L’effondrement de l’Union Soviétique, en 1991 a mis sans dessus dessous l’économie cubaine. Avoir à acheter du pétrole sur le marché mondial signifiait ue l’électricité bon marché était une chose du passé. La nourriture, l’essence et le pétrole devinrent rares tandis que les États-Unis resserraient l’étau de l’embargo. Le Cuba Democracy Act et la Loi Hems-Burton votée en 1996, visaient l’investissement étranger à Cuba, cherchant à affaiblir l’accès international de cuba au capital, et faisant les très nécessaires ressources difficiles à acheminer.

Les années suivant l’effondrement soviétique et l’intensification de l’embargo furent connues comme la ? Période Spéciale ? parce que les cubains ont eu à se serrer la ceinture et à apprendre à produire des biens de premières nécessité basiques comme la nourriture, les médicaments et l’énergie, à la fois localement et de façon soutenable.

En 1993, un Programme de Développement de Sources d’Energie Nationales (Programa de desarollo de las Fuentes Nacionales de Energia) fut mis en oeuvre pour réduire les importations d’énergie de Cuba et obtenir le bénéfice maximum des sources d’énergie intérieures. Le document proposait que la première source d’énergie nationale soit l’efficacité.

Après que le Programme de Développement des Sources d’Energie Nationales fut adopté, Cuba a s’est embarqué dans une campagne pour l’usage de plus de sources renouvelables d’énergie. Toutes les écoles rurales, cliniques médicales et centres sociaux dans le pays, non connectées antérieurement au réseau, furent électrifiées avec de l’énergie solaire, et aujourd’hui, 2364 des systèmes électriques solaires de l’île sont sur des écoles rurales. Rendant les la lumière, les ordinateurs et les programmes télévisés éducatifs accessibles à tous les écoliers de la campagne; ce programme a valu à Cuba le prix Global 500 des Nations Unies en 2001.

Toutefois, en dépit de tous leurs efforts, 1à ans après la mis en œuvre du programme, Cuba avait toujours une crise énergétique sur les bras. Donc en 2006 la révolution énergétique a fait l’un des pas les plus drastiques jamais faits par un pays.

Un plan en 5 points

La révolution énergétique de Cuba ne consiste pas à chercher plus de façons de générer de l’énergie, mais pour faire diminuer la demande d’énergie, Cuba a commencé un programme pour aller vers des équipements efficaces énergétiquement. Comme l’a expliqué le Président d’alors Fidel Castro dans son adresse de Mai 2006 à la compagnie Union Nationale Electrique (UNE) : “ Nous n’attendons pas que le pétrole tombe du ciel, parce que nous avons découvert, heureusement, quelque chose de beaucoup plus important- la conservation d’énergie, qui est comme la découverte d’un grand gisement pétrolier”

Le programme pour permettre aux gens de changer leurs ampoules à incandescence contre d’autres gratuites, à fluorescence, plus efficaces et plus compactes a rencontré un succès complet. En six mois, plus de 9 millions d’ampoules à incandescence. Etant donné qu’il y avait déjà beaucoup d’ampoules à fluorescence installées, cela signifie que près de 100% des ampoules utilisées dans tout le pays ont été changées pour des compactes à fluorescence- faisant de Cuba le premier pays au monde à éliminer complètement l’éclairage inefficace au filament de tungsten. De plus, des millions d’équipements énergétiquement efficaces ont été vendus aux consommateurs cubains , y compris près de 2 millions de réfrigérateurs, plus d’un million de ventilateurs, 182000 climatiseurs et 260 000 pompes à eau.

Au même moment, des équipements électriques de cuisine efficaces ont été introduits. Près de3,5 millions de rice-cookers furent vendus à des familles dans l’effort pour que les gens échangent le kérosène contre la cuisine à l’électricité.

Et l’une des meilleures façons dont Cuba a encouragé les économies a été sa nouvelle structure tarifaire pour les particuliers. Avant 2006, l’électricité hautement subventionnée de Cuba était vendue très bon marché, ce qui n’encourageait pas les économies. La nouvelle structure tarifaire autorise les personnes consommant moins de 100 k Wh par mois à rester au niveau actuel extrêmement bas de 0,09 pesos/k Wh (0,38 US cents/k Wh). Mais pour toute augmentation de 50 k Wh par mois le niveau monte en flèche. Et les consommateurs utilisant plus de 300 k Wh par mois doivent payer 1,30 pesos/k Wh (5,4 US cents/K Wh). En termes de dollars américians, c’est toujours significativement mois que ce que les consommateurs paient aux Etats-Unis, mais c’est plus de quatre fois ce que les gros utilisateurs d’énergie payaient antérieurement.

Cuba s’est aussi embarquée dans des mesures d’économie d’énergie dans le secteur d’Etat. Toutes les pompes à eau dans les grands immeubles et aqueducs ont été changées pour des pompes énergétiquement efficaces. Les tubes à fluorescence de 40 W utilisés dans beaucoup de bureaux du gouvernement seront changés pour des ampoules de 32 W avec réglage électronique et les réfrigérateurs et climatiseurs inefficaces ont été remplacés avec des modèles plus efficaces.

Pouvoir au peuple

Une révolution ne peut pas être vraiment appelée révolutionnaire sans le soutien des masses. La Révolution énergétique cubaine n’est pas une exception. Dans le but d’impliquer l a population générale dans l’effort pour économiser l’énergie, une initiative d’éducation énergétique ambitieuse a été mis en place. Le Programa de Ahorro de Eergia Por la Mnistro de Educacion (PAEME) est un programme énergétique national mis en place par le ministère de l’éducation en 1997. Son objectif est d’éduquer étudiants, travailleurs, familles et communautés aux mesures d’économie d’énergie et aux sources renouvelables d’énergie.

Dans les écoles, le thème de l’énergie est présent dans de nombreuses disciplines différentes. Les étudiants apprennent ce qui concerne les questions énergétiques non seulement en physique mais aussi dans les cours d’économie, les cours sur l’environnement et le cursus médical.

Le PAEME a aussi tenu des festivals de l’énergie durant les trois dernières années, éduquant des milliers de cubains à propos de l’efficcité et des économies énergétiques. Les festivals ont les étudiants pour cible et sont remplis de jeunes enfants exprimant leurs pensées sur les économies d’énergie, à travers des chansons, de la poésie et du théâtre. Cela commence dans chaque école cubaine où les enfants avec les meilleurs projets d’efficacité énergétique vont au festival au niveau municipal. ? L’UNE a décidé que le festival ne serait pas une compétition typique mais quelque chose comme un carnaval de l’efficacité énergétique, avec les plus extraordinaires étudiants du pays ?, explique Teresa Palenzuela, une spécialiste de l’UNE. Dans le festival national, où les files d’attentes sont longues comme des pâtés de maisons, les étudiants échangent des expériences et partagent leur savoir sans qu’on déclare le moindre gagnant.

Dans le but de faire passer le mot à encore plus de monde, les médias de masse sont employés. Par exemple, on ne voit jamais de publicité pour des produits commerciaux sur les autoroutes cubaines ; à la place, il y a des dizaines de panneaux d’affichages faisant la promotion des économies d’énergie disséminés dans le pays. Il y a aussi une émission de télévision hebdomadaire dédiée aux questions énergétiques, et des articles paraissent chaque semaine dans la presse nationale, soutenant les énergies renouvelables, l’efficacité et les économies. En 2007 seulement, il y a eu plus de 8000 articles et spots télévisés dédiés aux questions d’efficacité énergétique.

Une distribution juste

En dépit de ces efforts, économiser l’énergie n’a pas été assez, et en 2005 les coupures étaient toujours communes. De plus, Cuba avait un réseau de distribution électrique très vieux et inefficace à gérer. Le gouvernement cubain a réalisé que l’une des meilleures façons de fournir la sécurité énergétique était d’aller vers l’énergie décentralisée, et donc a commencé le mouvement vers la production dispersée. L’application de ce concept signifie moins de vulnérabilité aux désastres naturels ou aux invasions étrangères qui pourraient affecter l’électricité pour une section entière du pays. LA stratégie diversifie aussi les sources d’énergie, tout en facilitant les futurs changements en faveur des sources d’énergies alternatives, telles que celles produites plus localement et de façon plus soutenable.

En 2006, Cuba a installé 1854 micro-centrales électriques au diesel et au fuel à travers le pays, pour plus de 3000 MW de courant décentralisé dans 110 municipalités. Cela a presque éliminé la plaie des coupures qui affectaient Cuba en 2004. En fait, durant les années 2004 et 2005 il y avait plus de 400 jours de coupures de plus de 100 MW et durant au moins une heure. En 2006 et 2007, il y en avait trois, tous en 2006. C’est un meilleur taux que dans la plupart des pays industrialisés.

En plus des nouvelles centrales, ils ont aussi installé plus de 4000 systèmes de secours d’urgence dans les zones importantes telles que les hôpitaux, les centres de production alimentaire, les écoles et d’autres sites clés pour l’économie de Cuba. Cela représente 500 MW de courant de secours.

De plus, Cuba s’est embarquée dans un plan impressionnant pour réparer le réseau d’acheminement électrique existant. L’île a modernisé les performances de plus de 120 000 postes électriques, plus d’un million d’entrées dans le réseau, presque 3000 kilomètres de câbles et un demi million d’électromètre. L’effet majeur de ce programme a été qu’alors qu’en 2005 le pays avait besoin d’une moyenne de 280 grammes de pétrole pour générer un k Wh d’électricité, en 2007 ce chiffre était tombé à 271 grammes de pétrole par k Wh. Alors que cela pourrait sembler une petite économie, cela se traduit en milliers de tonnes par an de pétrole importé. En 200—2007, à travers ses mesures d’économies, Cuba a économisé plus de 961 000 tonnes de pétrole importé.

Incorporer plus de renouvelables

Bine qu’incorporer des sources renouvelables d’énergie dans le mélange énergétique ait été une priorité depuis les débuts des années 1990, les deux dernières années ont vu encore plus de croissance. Actuellement 100 stations de mesure du vent sont en train d’être installées dans 11 différentes provinces du pays et deux nouvelles centrales éoliennes ont été construites, amenant le total de l’énergie éolienne installée dans le pays à 7,23 MW. Il y a aussi en développement la première centrale électrique solaire de 100 kW à être connectée au réseau.

De plus, 180 micro systèmes hydrauliques, canalisant l’énergie de l’eau des fleuves et des rivières, sont installés à travers Cuba ; 31 d’entre eux sont connectés au réseau. Et le nombre de systèmes solaires électriques indépendants dans les zones rurales du pays a augmenté à plus de 8000, et un plan est en place pour utiliser des panneaux solaires et d’autres technologies renouvelables pour électrifier les 100 000 maisons restantes qui n’ont pas encore accès à l’électricité. Cette année verra aussi l’ajout de 300 usines de biogaz, qui utilisent les déchets animaux pour créer du combustible pour la cuisine.

Le sucre, principale culture d’exportation cubaine, produit aussi de l’électricité. Dans les usines de sucre de canne à travers le pays, la bagasse, qui est le résidu laissé après le traitement de la canne, est brûlée et changée en énergie utilisable pour alimenter l’usine et le réseau électrique. Les complexes de production de biomasse de sucre de canne ont en ce moment des équipements installés de 478,5 MW.

Cuba fait aussi des progrès en matière de biocarburants liquides tels que l’éthanol. Ceux-ci impliquant habituellement l’utilisation de récoltes alimentaires telles que le maïs, la déclaration officielle sur les biocarburants est que ” cuba ne soutient pas l’idée de convertir la nourriture en carburants, alors que plus de 800 millions de personnes souffrent de la faim”. Néanmoins, il y a des projets pilotes de biocarburants liquides. Le meilleur exemple est la culture du Jatropha Carcus, qui produit une ] huile non comestible, et ainsi ne concurrence pas la production de nourriture humaine.

En 2007, un groupe national visant à soutenir et promouvoir le développement accéléré et la pénétration des sources renouvelables d’énergie et l’efficacité énergétique a été créé. Les 14 commissions de ce groupe, couvrant tous les types de sources renouvelables d’énergie et d’efficacité, ont un mandat du gouvernement pour étudier de meilleures façons d’introduire des énergies renouvelables dans le pays.

Les “Docteurs de l’âme” aident la révolution énergétique

L”île a de même exporté sa révolution énergétique vers d’autres pays, dans le cadre de l’Alternative Bolivarienne pour les Amériques (ALBA), une alternative à la Zone de Libre Échange des Amériques (ZLEA). L’ALBA met l’accent sur la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Par exemple, après que Cuba a travaillé avec le Venezuela sur une campagne d’économies d’énergie, le Venezuela a rapporté des économies de 2000 MW de courant. Les scientifiques et techniciens cubains ont aussi fourni et installé plus d’1 MW de panels électriques solaires au Venezuela, en Bolivie, au Honduras, en Afrique du Sud, au Mali et au Lesotho.

Pour mener à bien son ambitieux programme de conservation d’énergie, Cuba s’est appuyé sur sa petite armée de trabajadores sociales ou travailleurs sociaux. Formés en 2000, les travailleurs sociaux de Cuba sont constitués de jeunes qui ont la tâche d’amener la justice sociale à l’île dans différentes sphères, comprenant le travail, l’éducation, la culture, les sports et l’environnement. Conjointement avec le travail aux côtés des personnes handicapées, les personnes âgées et les personnes reconnues coupables de crimes, le dernier travail des travailleurs sociaux est d’aider à mener à bien la révolution énergétique. Depuis 2006, 13000 travailleurs sociaux ont visité les foyers, les entreprises et les usines à travers l’île, remplaçant des ampoules, enseignant aux gens comment utiliser leurs équipements de cuisine électriques et diffusant l’information à propos des économies d’énergie. Les travailleurs sociaux ont également travaillé avec le ministère de l’agriculture pour aider à économiser l’énergie dans la récolte de canne à sucre, et travailler dans le secteur des transports pour atteindre plus d’efficacité dans le système national de bus.

Les travailleurs sociaux vont dans une école où ils suivent des cours en politique, en communication sociale, en énergie et développement soutenable, avec l’objectif de créer des valeurs et des convictions qui devraient caractériser un travailleur social. On leur apprend aussi à remplacer les ampoules lumineuses et à expliquer le besoin d’économies d’énergie.

De plus, sous l’ALBA, les travailleurs sociaux ont aussi voyagé dans d’autres pays pour aider à mettre en œuvre des programmes d’économies d’énergie – comme en Haïti, où ils ont visité plus de 93000 foyers et installé plus de 2 millions d’ampoules lumineuses énergétiquement efficaces. Comme pour le programme médical de Cuba, qui a plus de 20 000 docteurs travaillant à l’étranger pour aider avec les crises sanitaires, les travailleurs sociaux voyagent à travers le monde pour aider dans la crise énergétique. Fidel Castro, qui a fondé le programme, fait référence aux travailleurs sociaux comme à des “Docteurs de l’âme “.

” Nous avons besoin d’une révolution énergétique global”, dit Mario Alberto Arrastia Avila, un expert en énergie de Cubaenergia, un centre d’information énergétique à Cuba. “Mais dans le but que cela arrive nous avons aussi besoin d’uen révolution dans les consciences. Cuba s’engager sur son propre chemin vers un nouveau paradigme énergétique, appliquant des concepts tels que la production dispersée, l’efficacité, l’éducation, la solidarité énergétique et la solarisation graduelle du pays. “

Le reste du monde devrait suivre la voie de Cuba, car seule une vaie révolution énergétique globale nous rendra capables d’affronter les affreux problèmes environnementaux auxquels le monde fait face aujourd’hui.

Laurie Guevara-Stone est le manager du programme international de Solar Energy International, basé au Colorade, USA.

Une alternative à l’Assurance Santé : les médecins cubains au Venezuela Par Belen Fernandez et Amelia Opalinska

octobre 8, 2009

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Une Alternative à l’Assurance Santé : les médecins cubains au Venezuela

Par Belen Fernandez et Amelia Opalinska pour venezuelanalysis.com (19 Mai 2009)

Traduit de l’anglais par Marc Harpon pour Changement de Société

Note de Marc Harpon : Rien de vraiment neuf, mais des choses qui méritent d’être répétées, à un moment où, des mensonges visant à canoniser Eduardo Rosza-Flores aux élucubrations sur les soi-disant crimes du « dictateur » Chavez, la propagande impérialiste contre l’Amérique Latine se radicalise. Face à l’indigeste soupe de droits de l’homme de l’OEA ou de Fox News, rappelons encore une fois que seul le socialisme respecte l’intégralité des droits humains, en incluant dans ce concept les droits économiques et sociaux que sont la santé et l’éducation.

En février de cette année, mon amie Amelia et moi avons visité un certain nombre de cliniques Barrio Adentro au Venezuela, où nous avons décidé d’user des soins de santé gratuits en dépit du fait qu’on n’avait rien de détectable. Établis durant le mandat d’Hugo Chavez Frias, les cliniques ont été rendues possibles par l’excès dans des ressources naturelles comme le pétrole vénézuélien et les médecins cubains.

Après la victoire bolivarienne lors du référendum du 15 février, qui a sauvegardé l’idéal des soins de médicaux universels en autorisant les décideurs publics à concourir pour un nombre indéfini de réélections, Amelia et moi avons voyagé du Venezuela continental à l’Ile Margarita pour la « semana del amor » d’après le référendum, qui, avait expliqué Chavez, compenserait l’annulation effective de la Saint Valentin 2009 au Venezuela. La fête avait été annulée non du fait de sa nature capitaliste, mais parce qu’elle précédait d’un jour le référendum et coïncidait avec une interdiction nationale des ventes d’alcool ; les opposants à Chavez auxquels Amelia et moi avons parlé expliquaient cependant la fête de l’amour simplement comme le résultat d’une instabilité psychologique de la part du président.

Etant donné que le programme Barrio Adentro n’était pas tenu d’observer la semana del amor, Amelia et moi avons pu continuer nos tentatives médicales dans une clinique située près de la mer. Un doctoresse venue de la Province de Guantanamo à Cuba a fait une liste d’exemples autres que l’invention de jours fériés pour montrer la magnanimité des leaders socialistes régionaux : ne pas refuser les soins médicaux gratuits aux citoyens américains (moi), aux résidents américains (Amelia), ou aux membres de l’opposition vénézuélienne, et ne pas prendre la responsabilité de centres de détentions militaires situés dans des nations étrangères avec lesquelles les relations diplomatiques ne seraient pas partagées.

L’absence de réciprocité de l’embargo médical a été soulignée, tandis que la doctoresse nous offrait des comprimés anti-allergies un peu psychotropes et des ultrasons gratuits pour différentes parties du corps? Nous avons par la suite profité de l’arrivée d’un ami libano-palestinien pour le prendre au piège d’une série de machines inconfortables, le conduisant à demander s’il était dans une prison israélienne ou en vacances.

La doctoresse cubaine sur l’Ile Margarita venait juste de signer un contrat de dix ans au Venezuela, ayant déjà servi en Afghanistan et dans un ou deux pays africains. Une tentative pour exporter la révolution à la Louisiane en 2005 avait été empêché par George W. Bush, qui avait décidé que les victimes de l’ouragan Katrina pouvaient se permettre d’être plus regardants sur leurs choix en matière de fournisseurs d’aide que ne pouvait l’être le gouvernement des Etats-Unis dans ses choix de partenaires en matière de commerce de pétrole. La doctoresse affirmé que la différence fondamentale entre les cubains et les américains était que les cubains luttaient aussi dans les zones de conflit mais « con bata blanca »- c’est-à-dire sous l’habit des personnels médicaux.

Amelia et moi avons évoqué des notions dominantes dans d’autres parties du globe, comme l’Ambassade américaine en Bolivie, et qui veulent que la bata blanca soit une autre forme de camouflage. Un membre du personnel de l’Ambassade avait cherché à travailler suivant cette hypothèse en encourageant un volontaire de l’American Peace Corps à espionner les cubains et les vénézuéliens du coin, tentative qui a pris fin en 2008 quand Evo Morales a expulsé l’ambassadeur des Etats-Unis de La Paz. La doctoresse cubaine nous a informées Amelia et moi que des requêtes répétées pour des ultrasons superflus pouvaient aussi être conçus comme une forme de camouflage mais que les soins médicaux universels n’excluaient pas les agents de la CIA, une affirmation corroborée par le fait que des médecins cubains en Bolivie aient, en 2007, effectué une opération de la cataracte sur l’homme qui a tué Che Guevara.

Belen Fernandez voyage en Amérique Latine avec Amelia Opalinska. Elle contribue régulièrement à pulsemedia.org

Une petite présentation

octobre 8, 2009

Je m’appelle Marc Harpon, je suis un jeune militant (Front de Gauche) de  26 ans, ancien professeur de philosophie devenu professeur d’anglais, autrefois contributeur à Changement de Société, le défunt blog de Danielle Bleitrach…Je cherche à poursuivre, à mon échelle, le travail initié avec cette grande dame de la gauche française et,  d’une certaine manière, latino-américiane…Hasta la victoria siempre…

Les traducteurs DE GAUCHE sont les bienvenus, en anglais, espagnol, allemand, russe, chinois…