Classiques progressistes- Les Problèmes économiques du socialisme en URSS, première partie.

 

 

 

 

Dans cette rubrique, il s’agira de faire découvrir certains grands textes de notre tradition politique. Le but ne sera pas de les commenter, c’est-à-dire de se livrer à une libre expression autour du texte, mais de les expliquer, ce qui revient à se soumettre à l’extrait retenu pour s’efforcer de pénétrer dans son coeur. Les extraits proposés et le travail auquel ils dobnnent lieu n’ont de sens qu’en tant qu’invitation à la lecture des oeuvres éclectiques du progressime, de Robespierre à Mao, de Marti à Fidel, de Rousseau à Jaurès, de Bakounine à Kollontaï, de Marx à Sweezy ou G.A. Cohen. Inviter à lire un auteur, faut-il le préciser, ne revient pas à cautionner la totalité de son parcours théorique et pratique, où d’inévitables erreurs, voires d’inexorables fautes, voisinnent des succès immenses et des actions vertueuses.

 

 

Texte 1 :

 

Si l’on fait abstraction des processus astronomiques, géologiques et quelques autres analogues, où les hommes, mêmes s’ils connaissent les lois de leur développement, sont véritablement impuissants à agir sur eux, ils sont en maintes occasions loin d’être impuissants quant à la possibilité d’agir sur les processus de la nature. Dans toutes ces circonstances les hommes, en apprenant à connaître les lois de la nature, en en tenant compte et en s’appuyant sur elles, en les appliquant avec habileté et en les exploitant, peuvent limiter la sphère de leur action, imprimer aux forces destructives de la nature une autre direction, les faire servir à la société.

Prenons un exemple parmi tant d’autres. Aux temps anciens, on considérait les débordements des grands fleuves, les inondations, la destruction des habitations et des cultures, comme un fléau contre lequel les hommes étaient impuissants. Mais avec le temps, avec le progrès des connaissances humaines, les hommes ayant appris à construire des barrages et des centrales hydrauliques, on a trouvé moyen de préserver la société du fléau des inondations qui paraissaient autrefois inéluctables. Bien plus : on a appris à museler les forces destructives de la nature, à les dompter pour ainsi dire, à faire servri la puissance des eaux à la société et à l’exploiter pour irriguer les champs, pour obtenir de l’énergie électrique.

Est-ce à dire que l’on ait par là même aboli les lois de la nature, les lois de la science, que l’on ait créé de nouvelles lois de la nature,d e nouvelles lois de la science? Evidemment non. La vérité est que toutes ces mesures tendant à prévenir l’actiond es forces destructives de l’eau et à l’exploiter dans l’intérêt de la société sont prises sans que les lois de la science soient le moins du monde violées, changées ou abolies, sans que de nouvelles lois de la science soient crées. Au contraire, totues ces mesures sont prises sur la base exacte des lois de la nature, la moindre atteinte à ces lois amèn,erait la désorganisation, l’échec de ces mesures.

Il faut en dire autant des lois de l’économie politique, -qu’il s’agisse de la péridoe du capitalisme ou de la période du socialisme. Là aussi, comme dans les sciences de la nature, les lois du développement économique sont des lois objectives reflétant les processus du développement économique qui s’opèrent indépendamment de la volonté des hommes. On peut découvrir ces lois, les connaître et, s’appuyant sur elles, les exploiter dans l’intérêt de la société, imprimer une autre direction à l’action destructrice de certaines lois, limiter la sphère de leur action, laisser le champ libre aux autres lois qui se fraient un chemin, mais on ne peut les détrurie ou créer de nouvelels lois économiques.

 

 

Joseph STALINE, Les Problèmes économiques du socialisme en URSS, trad. Françoise Sève, in STALINE, Textes 2, Messidor/Editions sociales, 1983, pp.198-199.

 

 

Première partie : Formulation du problème et explication du premier paragraphe

 

 

Une loi s’entend comme une règle générale décrivant ou prescrivant un ordre des choses. Quand une loi prescrit, les infractions sont possibles, comme c’est le cas lorsqu’un délit ou un crime cotnrevient aux lois politiques. En revanche, quand une loi décrit son objet de façon adéquate, seuls peuvent se propduire les écarts prévus par cette loi elle-même et qui, par conséquent ne peuvent pas être à proprement parler des exceptions.

Autrement dit, la seule façon d’enfreindre les lois descriptives que révèlent les sciences serait de les changer totalement, c’est-à-dire de les abolir, ou partiellement, c’est-à-dire de les altérer. Or, il paraît absrude de penser que les hommes puissent changer des lois qui leurs sont antérieures et supérieures parce que la mesure où la nature qu’elles décrivent les comprend et les contient. Cependant,  il n’est pas non plus conforme aux lois naturelles que les hommes volent et, pourtant, ils le font grâce à la technique. Par conséquent, la question se pose de savoir si les lois objectives que décrivent les sciences sont susceptibles d’altération ou d’abolition. C’est à cette question que Staline se propose d’apporter une réponse dans l’extrait retenu des Problèmes économiques du socialisme en URSS.

Dans un premier moment, Staline propose une réponse à la question de savoir si la technique humaine est ou non en mesure d’ « agir sur les processus de la nature ». Dans une seconde étape, il se demande en quoi cette action consiste, en une abolition ou en une acceptation volontaire des lois des sciences naturelles : la technique libère-t-elle les hommes de l’empire des lois naturelles? Enfin, dans underneir moment, il se sert de l’analogie entre els sciences de la nature et les sciences de l’homme pour conclure que, même dans ces dernières, les lois ne sotn pas susceptibles d’altération.

 

 

Dans un premier moment, Staline avance que, par la technique, les hommes sont en mesure d’ »agir sur les processus de la nature ».  Par « processus », il faut entendre une suite d’événements qui se développe dans le temps, telle que les événements antérieurs causent les postérieurs. La question est ainsi de savoir si l’homme peut intervenir dans une chaîne causale naturelle pour en orienter le cours à son profit.

A cette question, il semble falloir répondre par la négative, pour ce qui est des processus se déroulant hors de notre portée matérielle comme  l’ont été, durant des millénaires, ceux qui affectent les corps célestes, que Staline évoque à juste titre lorsqu’il parle de « faire abstraction » des « processus astronomiques ». Il en va de même également des phénomènes géologiques tels que les tremblements de terre, dont le mécanisme, élucidé, n’a pas encore permis de les contrôler. Mais que certaines chaînes causales soient hors de la portée des hommes n’implique pas que toutes le soient.

C’est pourquoi Staline peut affirmer que les hommes «sont en maintes occasions loin d’être impuissants quant à la possibilité d’agir sur les processus de la nature « . Par exemple, dans la partie de l’univers que l’on peut nommer sublunaire, par opposition au monde supralunaire des processus astronomiques, la domestication de la vapeur a pu permettre les progrès de l’industrie humaine au cours du dix-neuvième siècle.

Soit une machine à vapeur. La conception d’une telle machine suppose la connaissance de la température d’ébulition de l’eau ou encore la connaissance des propriétés de matériaux capables de résister à la pression de la vapeur. Ces propriétés des matériaux sont génériques, en ce sens qu’elles valent pour tout matériau du genre considéré. Il en va de même pour les prpriétés de l’eau : toutes choses étant égales par ailleurs, l’eau ne change pas de température d’ébulition. Par conséquent, les propriétés des corps naturels que l’on doit connaître pour concevoir une machine à vapeur sont des lois de la nature dont les lois des sciences naturelles sont le reflet dans l’esprit humain. La connaissance de ces lois permet alors de provoquer, en temps utile, la transformation de l’eau en vapeur afin de servir aux fins qu’on lui assigne, comme par exemple faire tourner une meule ou avancer une locomotive.

Par conséquent, le processus naturel des changements d’états de la matière subit l’action technique des hommes, puisqu’il est, dans le cas de la vapeur, provoqué par cette action. En d’autres termes, les hommes peuvent agir sur les sprocessus naturels au point de savoir même les provoquer à volonté. C’est pourquoi se pose maintenant la question de savoir si, par la technique, les hommes ne se sont pas tout simplement libérés de la domination de la nature, pour former un empire dans un empire.

 

 

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